“Chaque tissu raconte une histoire, chaque broderie un destin.”
Quand les habits sont des archives vivantes
Parmi les richesses invisibles de l’Ummah, il en est une que l’on oublie souvent : le vêtement traditionnel. Bien plus qu’un simple ornement textile, il témoigne d’une identité, d’une foi, d’une géographie et parfois… d’une résistance.
Si les abayas, jilbabs et qamis sont largement connus dans le monde musulman, qu’en est-il des habits portés par les Hazaras, les Ouïghours ou encore les Malais ?
Ces peuples, parfois en marge des projecteurs, possèdent un patrimoine vestimentaire aussi riche que méconnu.
Cet article vous propose un voyage textile à travers des cultures musulmanes oubliées, à la découverte de tenues traditionnelles qui méritent toute notre attention.
Les Hazaras d’Afghanistan : entre broderies et bravoure
Une identité forte à travers les tissus
Les Hazaras, peuple chiite vivant principalement au centre de l’Afghanistan, sont reconnaissables à leur culture richement marquée par l’artisanat textile.
Les femmes portent des robes longues appelées chapan, généralement brodées de motifs floraux aux couleurs vives, et surmontées de foulards multicolores qui rappellent les paysages vallonnés du Hazaradjat.
Anecdote : Lors des mariages, une robe spéciale brodée de fils d’argent est portée, symbole de pureté et de fierté communautaire.
L’habit comme bouclier culturel
Face à l’adversité, les Hazaras ont souvent conservé leur identité par le vêtement. Le port du chapan chez les hommes, manteau traditionnel afghan, est une affirmation silencieuse de résilience culturelle.
Les Ouïghours du Turkestan oriental : entre soie et spiritualité

Une tradition millénaire brodée sur soie
Les Ouïghours, peuple turcique musulman de Chine, ont une tradition vestimentaire riche en matières nobles. Les femmes portent le chépên, une robe longue en soie colorée, souvent accompagnée du doppa, un petit bonnet carré brodé de motifs géométriques.
Tableau : Eléments vestimentaires typiques ouïghours
Pièce | Déscription | Symbole |
---|---|---|
Doppa | Bonnet brodé porté par hommes et femmes | Foi et héritage culturel |
Chépên | Robe longue en soie | Féminité et noblesse |
Ceinture en soie | Entourant la taille | Protection et esthétique |
Répression et effacement
Depuis plusieurs années, le port des vêtements traditionnels ouïghours est réprimé dans les régions contrôlées par la Chine. Pourtant, dans les zones rurales et au sein de la diaspora, ces habits survivent, portés avec dignité lors des fêtes religieuses.
Citation : “Porter le doppa, c’est dire au monde que je suis encore libre.” – Un réfugié ouïghour
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Les Malais d’Asie du Sud-Est : l’élégance insulaire
Le Baju Melayu et le Baju Kurung
En Malaisie, au Brunei et dans certaines régions d’Indonésie, le baju melayu (pour hommes) et le baju kurung (pour femmes) sont des tenues traditionnelles associées aux grandes occasions religieuses, notamment l’îf et les mariages.
- Le baju melayu est un ensemble tunique-pantalon, accompagné d’une écharpe (sampin) portée autour de la taille.
- Le baju kurung est une longue tunique portée avec une jupe longue (kain) assortie.
Liste à puces : Caractéristiques du vêtement malais
- Tissus : soie, coton, brocart
- Couleurs : souvent pastel ou brillantes selon la saison
- Accessoires : broches, épingles à hijab, ornements floraux
Une modernité respectueuse de la tradition
Aujourd’hui encore, ces vêtements sont réinterprétés dans la mode islamique contemporaine, entre modernité et respect du ‘adab vestimentaire.
Pourquoi valoriser ces traditions vestimentaires oubliées ?
Un devoir de mémoire musulmane
Dans une époque de mondialisation uniforme, connaître ces vêtements, c’est aussi redonner voix aux peuples silencieux. Chaque tenue, chaque fil, chaque motif est un témoignage vivant de la diversité de l’Oumma.
“L’uniformité tue l’identité. La diversité la révèle.” – Proverbe malais
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Transmettre et inspirer
En mettant en lumière ces tenues oubliées, Salam Muslim souhaite offrir une passerelle entre passé et présent. Ces habits peuvent inspirer des créations modernes, éthiques, et ancrées dans la beauté spirituelle de l’islam.
De la mémoire au renouveau
Les habits traditionnels des peuples musulmans oubliés ne sont pas des reliques du passé. Ils sont des graines d’avenir.
Grâce à leur esthétique et à leur force symbolique, ils nous rappellent que la mode musulmane peut être à la fois authentique, décoloniale et universelle. Pour ne pas oublier ceux que l’histoire veut faire taire, portons fièrement leurs tissus.
Qu’Allah préserve la beauté de toutes les cultures musulmanes, connues et méconnues. Amine.